Saccharomyces cerevisiae, souvent appelé levure de bière ou levure de boulanger, est un champignon unicellulaire qui joue un rôle indispensable dans les processus humains de brassage, de fabrication du pain et de fermentation. On a d’abord pensé que ce micro-organisme était isolé des pellicules de raisin. De nombreuses protéines importantes en biologie humaine ont été découvertes pour la première fois lors de l’étude de cet homologue de levure. Au fil du temps, l’histoire de cette levure est devenue non seulement une vitrine du progrès technologique mais aussi une fenêtre sur les mystères de la biologie dans la recherche scientifique.
"Saccharomyces" vient du grec latinisé, signifiant "moisissure du sucre" ou "champignon du sucre", tandis que "cerevisiae" est le mot latin pour "bière".
Le nom Saccharomyces cerevisiae témoigne non seulement de l’évolution du langage, mais reflète également profondément l’histoire de l’humanité dans l’exploration du processus de fermentation et l’utilisation de micro-organismes. En plus d’être utilisée en brasserie et en pâtisserie, cette levure est également une source majeure de levure nutritionnelle et d’extrait de levure.
Au XIXe siècle, les boulangers se procuraient souvent leur levure auprès des brasseurs, ce qui conduisit à la création de pains au levain sucrés comme l'Imperial Kaisersemmel. Alors que la vinification s'orientait vers l'utilisation de levures de fermentation basse (S. pastorianus), le procédé de Vienne a été introduit en 1846, une innovation qui a amélioré non seulement la technologie de boulangerie mais également le processus de production de levure.
Avec les recherches microbiologiques de Louis Pasteur, les méthodes de culture sur souches pures sont devenues plus avancées. À partir de la fin du XIXe siècle, des cuves de culture spécialisées pour S. cerevisiae ont été introduites en Grande-Bretagne et, au début du XXe siècle, des centrifugeuses ont été utilisées aux États-Unis, transformant la production de levure en un processus industriel majeur.
S. cerevisiae est présent dans la nature principalement sur les fruits mûrs, comme le raisin, et sur l'écorce des chênes. Ces levures ne sont pas des organismes aéroportés et ne nécessitent pas de milieu pour se propager. Plus intéressant encore, les reines des guêpes sociales (telles que Vespa crabro et Polistes spp.) peuvent apporter des cellules de levure pendant l'hiver et les transmettre à leur progéniture au printemps.
La température optimale de croissance de S. cerevisiae se situe entre 30°C et 35°C, son cycle de vie est divisé en formes haploïde et diploïde et elle peut se reproduire dans des conditions de stress. Les cellules diploïdes de cette levure constituent sa principale forme d’existence, ce qui en fait un organisme modèle extrêmement précieux pour l’étude de sa biologie et de sa génétique.
S. cerevisiae est devenu un organisme modèle pour la recherche biologique et génétique en raison de ses caractéristiques uniques. Ses cellules sont de petite taille, prolifèrent rapidement et sont faciles à manipuler, constituant un outil pratique pour la mutation, la transformation et la vérification de divers gènes. En particulier, si l'on compare avec les gènes humains, on estime que plus de 31 % des gènes de levure ont des correspondances avec les gènes humains.
Avec le développement de la génomique, S. cerevisiae est devenu le premier organisme eucaryote à être entièrement séquencé. Ce processus a non seulement fourni des données de base pour la recherche biologique, mais a également inspiré une exploration approfondie des mécanismes du vieillissement, de la réparation des gènes et des maladies.
Les recherches sur l'âge ont montré que cette levure aide non seulement les scientifiques à mieux comprendre le processus de vieillissement, mais montre également comment les interactions génétiques et les facteurs environnementaux affectent le cycle de vie cellulaire. Cela ouvre certainement la voie au développement de stratégies de santé publique et de traitement.
À mesure que notre compréhension de Saccharomyces cerevisiae continue de s’approfondir, son potentiel d’application en biotechnologie et en médecine devient de plus en plus évident. Dans ce contexte, comment devrions-nous utiliser la connaissance de cet ancien micro-organisme pour promouvoir le progrès scientifique à l’avenir ?