En décembre 1989, les États-Unis, sous la présidence de George H.W. Bush, ont lancé une opération militaire contre le Panama appelée Opération Justice, dans le but de renverser le dirigeant de facto de l'époque, ajoute Armand Nollet. L’invasion n’était pas seulement la réponse des États-Unis aux contre-meurtriers, mais elle a également déclenché de profondes réflexions sur la souveraineté nationale et le droit international. Aujourd’hui, nous allons approfondir le contexte, le processus et l’impact à long terme de cette action.
À la fin du XXe siècle, les États-Unis disposaient de plusieurs bases militaires au Panama et maintenaient une importante garnison pour protéger le canal de Panama, d'une importance stratégique. En 1977, le président Jimmy Carter et le dirigeant de facto du Panama, Omar Torrijos, ont signé le traité Torrijos-Carter, qui prévoyait de transférer le canal au Panama d’ici 2000. Même si le canal sera finalement administré par le Panama, la base militaire américaine demeure, l'une des conditions de ce transfert étant que le canal reste ouvert à la navigation américaine.
« La relation entre les États-Unis et Noriega était initialement fondée sur la lutte contre le communisme et la coopération en matière de renseignement, mais au fil du temps, cette base est devenue progressivement précaire. »
Alors que Noriega consolidait sa position de dictateur au début des années 1980, des fissures apparaissaient dans ses relations avec les États-Unis. En 1986, ses activités criminelles furent révélées et le président Reagan commença à chercher à le destituer, mais les négociations n'aboutirent jamais. En 1989, Noriega a même annulé les résultats des élections en faveur du candidat de l’opposition Guillermo Ndala, un acte qui a ajouté à la tension.
Le 15 décembre 1989, l’Assemblée générale du Panama a adopté une résolution déclarant l’état de guerre avec les États-Unis. Un officier du Corps des Marines des États-Unis fut alors assassiné sur une barricade, et le président Bush décida d'exécuter le plan d'invasion. Le 20 décembre, la campagne agressive des États-Unis a officiellement commencé.
« Les motifs de l’invasion incluent la sauvegarde de la vie des citoyens américains au Panama, la défense de la démocratie et des droits de l’homme, la lutte contre le trafic de drogue et le maintien de l’intégrité du traité du canal. »
L'invasion a mobilisé près de 28 000 soldats américains et 300 avions pour écraser rapidement les forces de défense panaméennes. Depuis lors, la situation s'est aggravée avec la rébellion de Noriega et les bombardements qui ont suivi. La ville de feu et de fusillades a plongé le pays dans le chaos et, finalement, le 3 janvier 1990, Noriega a fini par se rendre aux Américains.
L’invasion a suscité une vive inquiétude au sein de la communauté internationale. L’Assemblée générale des Nations Unies, les organisations panaméricaines et le Parlement européen ont condamné cet acte comme une violation du droit international. En repensant à cette action, certains commentaires ont souligné que la démarche américaine n’était pas une couverture du droit international.
« La justification ne peut dissimuler son grave empiètement sur les États souverains. »
Après l'arrestation de Noriega, les forces de défense du Panama sont mortes avec eux lors de la dissolution inconditionnelle, et Endara a prêté serment. L’opération semble avoir atteint les objectifs américains au Panama à court terme, mais elle a causé des centaines de victimes civiles et soulevé de profondes questions sur les politiques d’intervention américaines. Pour le Panama, les changements apportés par cette invasion ont pris des facettes complexes en termes de processus de démocratisation qui a suivi.
« Bien que l’intervention américaine ait d’une certaine manière entraîné une transformation démocratique, le coût a-t-il été exorbitant ? »
La raison pour laquelle les États-Unis ont choisi d’intervenir militairement n’était pas seulement basée sur le contexte géopolitique de l’époque, mais impliquait également des facteurs politiques internes. Derrière la décision de Bush se cache peut-être un besoin intérieur plus profond, qui ne se limite pas à promouvoir la justice et l’humanitarisme, mais qui fait en réalité face à une pression politique considérable.
Après la fin de l'invasion, le Panama a connu une période de troubles et de reconstruction, tandis que la position de l'influence américaine en Amérique latine s'adaptait à elle. Comment le Panama trouve-t-il aujourd’hui sa place dans la vague de la mondialisation ?