Alors que la demande mondiale en énergie renouvelable continue d’augmenter, les pays cherchent des moyens de réduire les émissions de carbone. Dans ce contexte, le réacteur à lit de boulets (PBR), en tant que technologie émergente de l’énergie nucléaire, a progressivement attiré l’attention. Les avantages de cette conception de réacteur sont sa sécurité et son rendement élevé, et il semble avoir le potentiel de devenir l’une des solutions pour la future neutralité carbone.
Le PBR est un réacteur nucléaire refroidi au gaz et régulé au graphite. Sa caractéristique de conception fondamentale est l'utilisation d'éléments combustibles sphériques appelés « galets ». Les éléments, de la taille d'une balle de tennis environ, sont constitués de graphite pyrolytique, utilisé comme modérateur de neutrons, et contiennent des milliers de particules de combustible, appelées particules TRISO. Dans ces particules TRISO, les matériaux fissiles tels que l’235U sont recouverts d’une couche céramique de carbure de silicium pour assurer la stabilité structurelle et l’isolement des produits de fission.
Des milliers de cailloux sont regroupés pour former le cœur du réacteur et sont refroidis par un gaz inerte qui ne réagit pas chimiquement avec les éléments combustibles.
PBR est bien connu pour sa conception de sécurité passive. Capable de supporter des températures allant jusqu'à 1600°C, le réacteur peut être refroidi par circulation naturelle même en cas d'accident, évitant ainsi la surchauffe et la destruction. Cette conception peut réduire efficacement le risque de danger en cas d’accident.
À mesure que le réacteur chauffe, les atomes du combustible se déplacent plus rapidement, ce qui entraîne une réduction automatique de la puissance du réacteur.
Le PBR utilise une méthode unique de conditionnement du combustible dans laquelle le combustible nucléaire est enveloppé dans des galets sphériques sous forme de céramique. La conception est simple, efficace et offre une efficacité thermique supérieure à celle des réacteurs refroidis à l’eau traditionnels. Grâce à ce modèle, la complexité du cœur du réacteur est considérablement réduite, ce qui réduit les coûts de construction et d’exploitation.
Par rapport aux centrales nucléaires traditionnelles, le PBR élimine le besoin de systèmes de sécurité redondants et de sauvegardes redondantes, réduisant ainsi encore les coûts.
Le concept a été proposé pour la première fois par Farrington Daniels dans les années 1940 et développé commercialement par le réacteur AVR en Allemagne dans les années 1960. Bien que le développement commercial initial ait rencontré de nombreux défis, avec les progrès continus de la technologie, des pays comme la Chine ont progressivement commencé à adopter et à améliorer la technologie PBR. L'usine de démonstration HTR-PM de Chine a été mise en service commercial en 2023, démontrant le potentiel de la technologie PBR.
Bien que le PBR présente de nombreux avantages, il fait encore l’objet de quelques critiques. L’une des principales préoccupations est le risque de combustion du graphite, notamment en cas de rupture de la cuve du réacteur. De plus, de nombreuses conceptions PBR manquent de structures de confinement renforcées, ce qui les rend vulnérables aux attaques. Cependant, la plupart des conceptions incluent encore plusieurs couches de structures de confinement pour garantir la sécurité.
De nombreux opposants soulignent que le combustible recouvert de graphite pourrait libérer accidentellement des matières radioactives.
Avec l’accent croissant mis à l’échelle mondiale sur la réduction de l’empreinte carbone, il reste à voir si le PBR deviendra la technologie d’énergie nucléaire dominante à l’avenir. La poursuite de la recherche et du développement ainsi que la recherche de technologies de production d’énergie plus sûres et plus efficaces pourraient libérer le potentiel de l’énergie nucléaire et en faire une véritable alternative à faibles émissions de carbone.
Le réacteur à lit de boulets présente certainement une possibilité passionnante dans la recherche d’une énergie durable, mais sommes-nous vraiment prêts pour cette nouvelle révolution nucléaire ?