Evolution Psychiatrique | 2019

La contrainte consentie : après le DSM-5, quelle thérapie BDSM ?

 
 
 

Abstract


Resume Objectifs Le BDSM est un acronyme imbrique faisant reference aux pratiques de bondage et de discipline, de domination et de soumission, de sadisme et de masochisme. L’American Psychiatric Association a «\xa0depathologise\xa0», apres le DSM-IV, malgre sa justification clinique, le kinky sex —\xa0y compris le cross-dressing, les fetiches et le BDSM\xa0— dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, cinquieme edition (DSM-5). Desormais, les paraphilies sont considerees comme des «\xa0interets sexuels inhabituels\xa0». Methodes Plusieurs etudes psycho-sexologiques, que nous analysons ici, utilisent les pratiques sadomasochistes, dites BDSM (Bondage, Discipline, Domination, Soumission, Sadomasochisme) comme des etudes de cas psychiques, non plus comme comportements deviants, mais bien au contraire en termes de conduites «\xa0communes\xa0», car adoptees par un grand nombre d’individus. Ces individus utilisent la contractualisation consentie dans un cadre precis, qui peut etre un apport considerable dans l’accueil therapeutique. Resultats Plutot que de les considerer comme une perversion, les etudes actuelles sur la psychiatrie du BDSM et la psychologie des subsexualities ont renverse l’analyse deviante en une etude scientifique des effets des pratiques BDSM notamment sur leurs benefices sur l’humeur, sur le stress ou sur la depression. Discussion Le projet BDSM et therapie est soucieux d’articuler les risques possibles du jeu BDSM et de clarifier les situations limites ou le jeu BDSM n’est pas sain ou utile. La therapie BDSM a-t-elle pour objectif de regulariser les pratiques BDSM et de les calibrer\xa0? Certains membres de la communaute BDSM ont exprime les points suivants\xa0: Des barrieres sociales peuvent se developper entre soi et les amateur(e)s\xa0; Alienation et isolement par la stigmatisation qui peut produire des stereotypes negatifs interiorises\xa0; Risques lies a des limites poussees trop loin (mal identifiees en amont) dans une scene\xa0; Potentiel de deshumanisation et de destruction du BDSM dans certaines situations unsafe du BDSM. Conclusion La therapie BDSM, tant dans la clinique que dans la pratique communautaire, repose sur le consentement et le respect des limites de chacun(e) (safe et secure). Le SM peut etre une psychotherapie pour le/la soumis(e) mais aussi pour le/la dominant(e). La therapie BDSM consisterait, par la contrainte, a modifier le sens de la souffrance corporelle pour transformer celle-ci\xa0: le BDSM n’implique pas necessairement de douleur (fluctuant par exemple dans les pratiques de bondage ou de domination psychologique\xa0; par ailleurs la dimension sexuelle y est tres variee, parfois non genitale, voire absente). Pour fonctionner, le processus therapeutique BDSM exige au moins trois conditions\xa0: (1) la relation BDSM engage un(e) dominant(e) et un(e) domine(e) (volontaires)\xa0; (2) ce binome erotique fonctionne dans un cadre strictement codifie\xa0; (3) le/la dominant(e) est «\xa0therapeutisant(e)\xa0» en ce qu’il fait preuve d’empathie envers le/la domine(e)\xa0; le/la domine(e) respecte les limites du/de la dominant(e)\xa0; (4) le flux est a double sens avec les «\xa0souminatrices\xa0» par exemple, qui sont des soumises resistantes et desobeissantes, explorant leurs propres limites au contact du/de la dominant(e).

Volume 84
Pages 261-276
DOI 10.1016/J.EVOPSY.2018.10.006
Language English
Journal Evolution Psychiatrique

Full Text