Medecine Et Maladies Infectieuses | 2019

Épidémiologie de la leuco-encéphalopathie multifocale progressive à l’ère des biothérapies et des antirétroviraux

 
 
 
 
 
 
 
 

Abstract


Introduction La Leuco-encephalopathie multifocale progressive (LEMP) est une pathologie demyelinisante rare du sujet immunodeprime, due a la reactivation du polyomavirus JC dans le systeme nerveux central. Elle est souvent mortelle en l’absence de restauration immunitaire. Frequente chez les patients infectes par le VIH avant le developpement des therapeutiques antiretrovirales hautement actives, desormais rencontree dans de nombreuses autres situations d’immunodepression, notamment sous biotherapies. L’objectif de cette etude est de decrire l’epidemiologie actuelle de la LEMP au sein de notre CHU, ses particularites cliniques, radiologiques et son pronostic. Materiels et methodes Etude observationnelle retrospective monocentrique sur dossier des patients atteints d’une LEMP definie par des signes d’atteinte cerebrale associes a une PCR JC positive dans le LCR entre 2013\xa0et 2018. Resultats Treize patients (âge median\xa0: 57\xa0ans\xa0; hommes\xa0: 69\xa0%) ont developpe une LEMP. Les pathologies sous-jacentes etaient des hemopathies malignes (n\xa0=\xa05) (Lymphome B diffus sous obinutuzumab/ibrutinib (n\xa0=\xa01)\xa0; Lymphome de Hodgkin sous brentuximab/anti PD1 (n\xa0=\xa01)\xa0; Myelome multiple sous pomalidomid (n\xa0=\xa01)\xa0; Lymphome folliculaire (n\xa0=\xa01) et LLC (n\xa0=\xa01) sous rituximab). Une maladie de Wegener sous rituximab (n\xa0=\xa01), une cryoglobulinemie traitee par corticotherapie (n\xa0=\xa01), une tumeur solide avec lymphopenie (n\xa0=\xa01) et une transplantation hepatique (n\xa0=\xa01). L’infection par le VIH etait presente seulement chez 3\xa0patients. Un seul cas observe sous natalizumab pour sclerose en plaque. Le delai median entre le debut de l’immunosuppression et la survenue des symptomes etait de 225\xa0jours (90–630). Les symptomes presentes etaient\xa0: troubles cognitifs (n\xa0=\xa010), symptomes moteurs (n\xa0=\xa06), troubles phasiques (n\xa0=\xa05), troubles de conscience (n\xa0=\xa02), troubles de coordination (n\xa0=\xa02), epilepsie (n\xa0=\xa03) et troubles visuels (n\xa0 = \xa01). L’IRM disponible pour onze patients retrouvait des lesions frontales (n\xa0=\xa08\xa0; 72\xa0%), occipitales (n\xa0=\xa05\xa0; 45\xa0%), parietales ou temporales (n\xa0=\xa03\xa0; 27\xa0%), ou cerebelleuses (n\xa0=\xa01\xa0; 9\xa0%). Un seul patient avec lesions corticales. Six des neufs traitements immunosuppresseurs ont ete arretes et 7\xa0patients ont recu un traitement specifique par maraviroc, mirtazapine ou mefloquine. Le deces est survenu pour 5\xa0patients (38,5\xa0%) dans un delai de 20\xa0a 60\xa0jours (un patient perdu de vue). Apres un suivi median de 4,5\xa0ans, des sequelles neurologiques irreversibles, motrices ou cognitives, sont presentes chez 5\xa0des 8\xa0survivants. Conclusion Une epidemiologie nouvelle de la LEMP semble emerger depuis l’introduction des biotherapies. Comme au cours de l’epidemie de sida, le pronostic reste sombre avec des formes d’evolution rapide et d’autres provoquant des sequelles neurologiques invalidantes. Il convient de l’evoquer pour tout patient sous immunotherapie presentant des signes d’atteinte cerebrale.

Volume 49
Pages None
DOI 10.1016/J.MEDMAL.2019.04.072
Language English
Journal Medecine Et Maladies Infectieuses

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