Medecine Et Maladies Infectieuses | 2019
Application de programmes de bon usage des antibiotiques dans les services de réanimation français en 2018 : enquête nationale multicentrique
Abstract
Introduction Les programmes d’«\xa0antibiotic stewardship\xa0» (bon usage des antibiotiques) ont un role central dans les services de reanimation. A ce jour, le niveau de mise en oeuvre de ces programmes est mal connu. Notre objectif etait d’evaluer le niveau de mise en oeuvre des programmes de bon usage dans les services de reanimation francais. Materiels et methodes Nous avons mene une enquete nationale de janvier a mars 2018\xa0a l’aide d’un questionnaire en ligne envoye par courrier electronique aux specialistes de reanimation (un questionnaire par service). Le questionnaire explorait les moyens a disposition des cliniciens pour optimiser la prescription d’antibiotique\xa0: acces aux donnees d’ecologie bacterienne et de consommation d’antibiotique, dispositifs d’aide a la prescription, outils de diagnostic microbiologique, possibilite de suivi therapeutique pharmacologique et acces a des avis d’experts. Quand elle etait presente, la qualite de la relation clinicien/expert infectiologue etait evaluee. Resultats Au total, 113\xa0unites de reanimation sur 206 (55\xa0%) ont participe. L’acces aux donnees d’ecologie locale concernant les donnees de resistance bacterienne et de consommation d’antibiotiques a ete rapporte respectivement par 84\xa0% et 65\xa0% des services. Des recommandations locales sur l’utilisation des antibiotiques etaient disponibles dans 54\xa0% des services. La duree de l’antibiotherapie probabiliste etait limitee dans 46\xa0% des cas, sur recommandation d’un expert exterieur dans 33\xa0% des cas. Un referent d’etablissement concernant le bon usage des antibiotiques etait present dans 94\xa0% des cas. Il s’agissait d’un infectiologue dans 80\xa0% des reponses. Son role dans l’unite de reanimation consistait principalement a discuter de cas specifiques (50\xa0%) et a donner des conseils sur les prescriptions d’antibiotiques (26\xa0%). En ce qui concerne le diagnostic microbiologique, les hemocultures n’etaient pas traitees la nuit ou le week-end dans 57\xa0% des cas. Les techniques de biologie moleculaire et de spectrometrie de masse etaient respectivement disponibles dans 62\xa0% et 59\xa0% des cas. Le dosage des beta-lactamines etait possible dans 46\xa0% des cas. La qualite de la relation reanimateur/microbiologiste etait superieure a la relation reanimateur/infectiologue. Seuls 43\xa0% des repondants ont declare avoir deja entendu parler du concept d’«\xa0antibiotic stewardship\xa0» avant l’enquete. Conclusion La promotion et l’application des programmes d’«\xa0antibiotic stewardship\xa0» ne sont pas optimales dans les reanimations francaises. Une meilleure connaissance des regles de bon usage et un suivi regulier du niveau de mise en oeuvre sont necessaires.