Medecine Et Maladies Infectieuses | 2019

Prise en charge multidisciplinaire de patientes ayant subi des mutilations sexuelles féminines en service de maladies infectieuses : un exemple de parcours en santé sexuelle

 
 
 
 
 
 
 

Abstract


Introduction Les mutilations sexuelles feminines (MSF) concernent plus de 200\xa0millions de femmes dans le monde. Elles peuvent entrainer des complications somatiques et psychologiques et font parties des violences faites aux femmes. Du fait des flux migratoires, nous recevons de nombreuses patientes concernees par les MSF dans les services de Maladies infectieuses (SMIT) ou elles sont depistees a l’occasion de leur suivi pour une autre pathologie. Un parcours de soins multidisciplinaires a ete mis en place dans deux hopitaux integrant infectiologues, medecin de la douleur, gynecologue, psychologue, sexologue, infirmiere d’education therapeutique, assistante sociale et secretaire coordinatrice. L’objectif de cette etude est de decrire les caracteristiques socio-culturelles de ces femmes, les consequences medicales des MSF, ainsi que les solutions apportees, et l’adhesion des patientes au projet de soins. Materiels et methodes Il s’agit d’une etude de cohorte descriptive, multicentrique, incluant les patientes ayant consulte de novembre 2017\xa0a janvier 2019\xa0pour prise en charge d’une MSF dans deux SMIT. Resultats Soixante-neuf patientes avaient pris rendez-vous mais seulement 41\xa0sont venues en consultation et ont donc ete incluses dans l’etude. Leur âge median etait de 32 ans [IQ\xa0: 29–37] et elles vivaient en France depuis 9\xa0mois en mediane avant la consultation [IQ\xa0: 6–30]. Trente-sept d’entre elles (90\xa0%) etaient primo-arrivantes, principalement de Cote d’Ivoire (n\xa0=\xa018, 45\xa0%), du Mali (n\xa0=\xa06, 15\xa0%) et de Guinee Conakry (n\xa0=\xa05, 12\xa0%). Vingt-quatre patientes etaient mariees (58\xa0%) et 15\xa0rapportaient un mariage force (62\xa0%). Les causes de depart etaient des violences physiques, sexuelles ou psychologiques pour 16\xa0patientes (39\xa0%). A l’arrivee en France, 12\xa0patientes avaient ete prises en charge par une association. Une demande d’asile etait en cours pour 21\xa0patientes (65\xa0%). Dix patientes avaient la CMU, 7\xa0l’AME et 9\xa0une PASS. La majorite des patientes presentaient des complications somatiques chroniques (n\xa0=\xa039, 95\xa0%) a type de douleurs (n\xa0=\xa013, 33\xa0%), infections a repetition (n\xa0=\xa020, 51\xa0%) et des complications psychologiques (n\xa0=\xa012, 51\xa0%) a type de syndrome de stress post-traumatique, anxiete ou depression. Douze patientes presentaient une infection par le VIH (29\xa0%). Le depistage des autres IST objectivait un Ag HBs positif chez 2\xa0patientes sur 26 (7\xa0%) et 1\xa0PCR gonocoque urinaire positive sur 18\xa0patientes testees (5\xa0%). Dix patientes ont rapporte avoir subi des violences (24\xa0%) dont 8\xa0lors de leur trajet migratoire (4\xa0en Libye). Conclusion Les MSF concernent les patientes suivies dans les SMIT et leurs depistages et prises en charge doivent etre mieux organises dans nos structures. La creation de structures d’accueil specialisees au sein de ces services exposes a la precarite est essentielle car elle permet d’integrer aux soins la problematique des violences sexuelles.

Volume 49
Pages None
DOI 10.1016/J.MEDMAL.2019.04.302
Language English
Journal Medecine Et Maladies Infectieuses

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