Revue de Médecine Interne | 2019

Nécrose hémorragique bilatérale des surrénales sous APIXABAN : penser au syndrome des antiphospholipides ?

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Abstract


Introduction La necrose hemorragique des surrenales est la manifestation endocrinologique la plus frequente au cours du syndrome des antiphospholipides (SAPL). Il s’agit d’une complication classique mais rare puisqu’elle est retrouvee chez 0,4\xa0% des patients ayant un SAPL. Il s’agit d’une thrombose veineuse des veines surrenaliennes dans un contexte de reseau vasculaire propice a l’ischemie hemorragique puisqu’il existe une veine de drainage unique, contrastant avec un reseau arteriel riche. Le traitement de reference reste les anti-vitamines K (AVK) mais le developpement des nouveaux anticoagulants oraux (NACO) dans d’autres pathologies, interroge sur leur place dans la prise en charge des patients ayant un SAPL. Nous rapportons un cas de necrose hemorragique bilaterale des surrenales chez un patient traite depuis 1\xa0mois et demi par APIXABAN pour une thrombose veineuse profonde avec embolie pulmonaire, revelant un syndrome des antiphospholipides. Observation Un patient de 47\xa0ans, sans antecedent notable, est diagnostique d’une phlebite de la jambe gauche devant une douleur persistante du mollet. Une anticoagulation efficace par APIXABAN 5\xa0mg matin et soir est debutee. Devant la presence d’une dyspnee persistante rapportee par le patient, un angioscanner thoracique est realise a 1\xa0mois, avec diagnostic d’embolie pulmonaire. A un mois et demi du diagnostic initial, il est hospitalise pour douleurs abdominales brutales intenses avec mise en evidence d’hematomes bilateraux des surrenales au scanner. En reprenant l’interrogatoire, on retrouve une observance stricte du traitement par APIXABAN. Cliniquement, l’abdomen est douloureux a la palpation mais depressible et on retrouve un livedo reticularis au niveau du dos. Le bilan biologique sous APIXABAN retrouve un TP a 42\xa0%, un TCA allonge a 1,42\xa0et l’absence de cytopenie. Le bilan immunologique retrouve une triple positivite pour les anticorps anti-phospholipides a des taux eleves\xa0: IgG anti-cardiolipine avec titre\xa0>\xa0160GPL-U/mL (resultat negatif si\xa0 \xa0160\xa0U/mL (titre negatif si\xa0 Discussion La necrose hemorragique bilaterale des surrenales est une urgence diagnostique et therapeutique. Elle doit faire rechercher un SAPL car il s’agit d’une manifestation inaugurale dans un tiers des cas. Avec l’elargissement des indications des NACO se pose la question de leur utilisation dans le SAPL. Dans une cohorte prospective de 56\xa0patients avec un SAPL traite par NACO, 6\xa0recurrences d’evenements thrombotiques etaient rapportes\xa0: 4\xa0chez des patients triple positifs et 2\xa0en contexte de non adherence au traitement, pendant un suivi de 22\xa0mois en moyenne (2–43\xa0mois) [1] . L’etude controlee randomisee RASP ne retrouvait aucun evenement thrombotique chez les patients avec un SAPL traite par RIVAROXABAN (suivi 42\xa0jours) [2] . Cependant en 2018, un essai controle randomise comparant l’efficacite du RIVAROXABAN par rapport a la WARFARINE chez des patients avec un SAPL a haut risque thrombotique, retrouvait des recidives de thromboses uniquement dans le groupe RIVAROXABAN (12\xa0% versus 0\xa0%) ayant justifie un arret precoce de l’essai apres l’inclusion de 120\xa0patients [3] . Notre cas rapporte une inefficacite de l’APIXABAN en cas de SAPL a haut risque de thrombose. Un autre cas d’hemorragie bilaterale des surrenales associee a des anticorps anti-phospholipides sous RIVAROXABAN est rapporte dans la litterature, nous n’avons pas retrouve de cas rapporte sous APIXABAN. Conclusion Ce cas clinique illustre les limites d’un traitement par NACO pour la prevention des recidives thrombotiques chez les patients SAPL triple positifs. Il s’agit a ce jour, a notre connaissance, du seul cas rapporte de necrose bilaterale des surrenales sous APIXABAN en contexte de SAPL. Un essai randomise est en cours pour evaluer l’efficacite de l’APIXABAN dans le SAPL. Nous verrons si les resultats sont identiques aux resultats retrouves pour le RIVAROXABAN, comme peut le suggerer notre cas clinique.

Volume 40
Pages None
DOI 10.1016/J.REVMED.2019.03.170
Language English
Journal Revue de Médecine Interne

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