L Évolution Psychiatrique | 2021
Discours et psychotropes
Abstract
Resume Objectif L’action des soignants en sante mentale porte sur la pensee du patient et notre principal acces, a ces pensees, est l’ecoute des paroles du patient. Il est important de distinguer, dans cette parole, la dimension de l’enonce de celle de l’enonciation. Ceci est egalement valable pour la prescription des psychotropes. Cet article a pour objectif de repositionner la question des discours au centre des preoccupations en sante mentale et d’attirer l’attention des psychiatres et des autres soignants, sur le concept d’enonciation, que ce soit pour la question de la psychotherapie, mais aussi pour celle de la prescription de psychotropes. Methode L’article opere un detour par la linguistique en retracant son evolution\xa0: de l’associationnisme et des aires cerebrales des idees a la linguistique structurale et, plus recemment, a l’emergence de la distinction entre enonce et enonciation. Cette distinction vient ebranler la discipline en y introduisant les questions du sujet et de la verite. L’article mentionne ensuite l’influence de la linguistique en psychiatrie et rappelle que la question de l’enonciation etait deja presente dans les travaux de Jacques Schotte et de Jacques Lacan. Resultats La tradition psychiatrique n’a pas assez pris en compte cette question de l’enonciation. La semiologie psychiatrique s’est principalement limitee aux enonces et aux comportements des patients. Schotte, et surtout Lacan, ont tente de formaliser l’enonciation et ont traite les questions consubstantielles\xa0: le sujet et la verite. Discussion Comment la psychiatrie pourrait-elle integrer la question de l’enonciation dans sa semiologie\xa0? Une typologie des discours permet-elle d’etablir une semiologie de l’enonciation\xa0? Les soins (therapie, psychotropes…) portent-ils d’avantage sur l’enonce ou sur l’enonciation\xa0? Conclusion Les psychotropes ne constituent pas, en soi, le traitement d’une maladie mentale. Leur effet se marque sur l’enonciation de la personne et, eventuellement, sur ses enonces. C’est une ecoute precise de ce discours qui doit permettre de moduler la duree et la dose des psychotropes. Ces derniers peuvent agir sur les possibilites de discours\xa0; ils doivent liberer la parole de telle sorte qu’une pensee (delirante, obsessionnelle, melancolique ou autre) cesse d’etre genante ou envahissante.