Revue de Médecine Interne | 2019

Biothérapies versus immunosuppresseurs conventionnels au cours des uvéites non-infectieuses non-antérieures : étude comparative rétrospective

 
 
 
 
 

Abstract


Introduction Les uveites non-infectieuses non-anterieures representent une cause majeure de cecite dans les pays industrialises. Aujourd’hui, en cas de rechute sous corticotherapie ou de corticodependance, l’intensification therapeutique repose sur les immunosuppresseurs conventionnels (methotrexate, mycophenolate mofetil ou azathioprine). Cependant, avec l’emergence des biotherapies (anti-TNF alpha et anti-recepteur a l’IL-6), la strategie therapeutique actuelle est en train de se redefinir. Materiels et methodes Etude retrospective monocentrique. Les patients majeurs presentant une uveite intermediaire, posterieure ou panuveite non-infectieuse etaient divises selon le traitement en cours lors de l’inclusion\xa0: groupe immunosuppresseur conventionnel ou groupe biotherapie. Le critere de jugement principal etait un critere composite defini par l’apparition d’une rechute sous traitement ou l’arret du traitement pour un effet indesirable grave. La rechute etait precisee selon des criteres ophtalmologiques\xa0: majoration de l’inflammation intraoculaire et/ou deterioration de l’acuite visuelle et/ou absence d’amelioration de l’œdeme maculaire ou d’une vascularite. Resultats Parmi les 1053\xa0dossiers extraits, 79\xa0patients ont ete inclus, majoritairement de sexe feminin (51\xa0%). On denombrait 51\xa0% de panuveites, 44\xa0% d’uveites posterieures et 5\xa0% d’uveites intermediaires. Sur le plan diagnostique, il s’agissait principalement d’uveites idiopathiques (31\xa0%), de maladies de Birdshot (25\xa0%), de sarcoidoses (16\xa0%) et de maladies de Behcet (13\xa0%). Trente-six patients ont ete inclus dans le groupe biotherapie et 39\xa0dans le groupe immunosuppresseur conventionnel. Les patients etaient comparables concernant les caracteristiques generales et ophtalmologiques a l’introduction du traitement. Cependant, les patients du groupe biotherapie presentaient une maladie plus ancienne (p\xa0=\xa00,03), avaient ete exposes de maniere prolongee a une corticotherapie (p\xa0=\xa00,03), avaient davantage rechute (p\xa0=\xa00,01) et avaient ete traites anterieurement, pour 70\xa0% d’entre eux, par immunosuppresseurs conventionnels. Le critere de jugement principal a ete atteint pour 56\xa0% des patients sous biotherapies versus 59\xa0% des patients du groupe immunosuppresseur conventionnel (p\xa0=\xa00,95), avec un delai median de survenue de 16\xa0mois versus 21\xa0mois pour le groupe immunosuppresseur conventionnel (p\xa0=\xa00,47). Il n’y avait pas de difference entre les deux groupes en termes de survie sans progression, d’epargne cortisonique, d’amelioration de l’acuite visuelle, de correction de l’œdeme maculaire, de cicatrisation des lesions de vascularites ou d’effets indesirables. En revanche, les biotherapies etaient significativement plus efficaces pour assurer un controle precoce de l’inflammation oculaire (quiescence oculaire a 6\xa0mois pour 92\xa0% des patients traites par biotherapies versus 68\xa0%, p\xa0=\xa00,046). A l’echelle individuelle, la corticodependance au moment de la rechute etait moins elevee sous biotherapies (p\xa0=\xa00,001). Conclusion Notre etude montre que les immunosuppresseurs conventionnels doivent conserver leur place de premiere intention lors de l’intensification therapeutique. Les biotherapies apparaissent comme une option interessante en cas d’inflammation severe, devant leur rapidite d’action. De plus, les biotherapies semblent plus efficaces pour assurer une epargne cortisonique a l’echelle individuelle et en cas de corticodependance.

Volume 40
Pages 137
DOI 10.1016/j.revmed.2019.10.016
Language English
Journal Revue de Médecine Interne

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