Annales. Histoire, Sciences Sociales | 2019
Claude Gauvard et Alessandro Stella (dir.) Couples en justice, ive-xixe siècle Paris, Publications de la Sorbonne, 2013, 250 p.
Abstract
intervenaient dans deux sphères domestiques distinctes – la vie du quartier et l’activité économique, par exemple. Les dieux Lares sont en revanche absents dans ce cas, probablement parce qu’ils étaient peints sur la paroi du laraire. Les statuettes du GettyMuseum permettent d’identifier non pas les dieux domestiques taillés grossièrement dans le bois et chantés par les poètes grecs et latins, mais des représentations miniatures de grands chefs-d’œuvre grecs, telles la statuette d’Athéna Promachos, la magnifique effigie en albâtre de l’Artémis d’Éphèse ou l’image deMarsUltor, particulièrement en vogue à partir d’Auguste. Le fait que l’on retrouve en miniature, dans les maisons, les grands classiques de la sculpture grecque n’est pas vraiment une surprise : les statues des temples publics adoptaient en effet elles-mêmes les canons classiques imposés par les grands maîtres grecs. En témoigne notamment la Venus Pompeiana à Pompéi : si le caractère local de l’œuvre transparaît derrière l’épithète donnée à la déesse, le canon adopté ne correspond pas moins à celui d’Aphrodite sortantdubain.Notonsque les réserves du musée de Naples recèlent un nombre impressionnant de figurations de cette Vénus choisie comme représentante de la cité et provenant des laraires pompéiens, preuve que l’œuvre d’art bien connue était devenue la grande déesse locale. Rappelons également que celle que nous appelons la déesse de l’amour était d’abord la déesse des passions non réfrénées, en particulier de la sexualité, cette dernière faisant partie des plaisirs vertueux de la société romaine. Cette déesse se révèle spécialement mise à l’honneur dans les collections du Getty Museum. Mercure et Fortuna sont évoqués dans un chapitre sur la chance et le profit, quotidiennement invoquésdans lesmaisons– cequi explique en outre le nombre tout aussi considérable de statuettes représentant ces dieux sur les étagères des musées. La célèbre peinture de la taverne de Lucius Vetutius Placidus à Pompéi mérite ici particulièrement sa place : la présence des Lares et du génie du père de famille indique que la boutique en question était associée à l’habitation, tandis que Bacchus renvoie aux amphores de vin qui encombrent l’arrière-boutique et que Mercure est une allusion directe au tiroir-caisse, particulièrement garni, retrouvé sur le podium de la boutique. Pour finir, Isis et les sacra peregrina (cultes étrangers) font l’objet d’un chapitre spécifique. Au total, le livre de Sofroniew propose de rendre visite aux dieux de la maison grecque et romaine exposés au Getty Museum. Il aurait cependant été bienvenu que cette invitation tienne compte des bibliographies française, italienne et allemande, extrêmement riches sur le sujet de la religion domestique et pourtant complètement absentes du discours de l’auteure.