Studies in Religion/Sciences Religieuses | 2019
Convictions religieuses, citoyenneté, espace public : quelques aspects contemporains
Abstract
Les sociétés occidentales contemporaines s’inscrivent dans une tendance longue de sécularisation, selon deux significations concomitantes, un « déclin de l’hégémonie religieuse » (Monod, 2007), et une « sortie de la religion » (Gauchet, 1985). Cette sécularisation entraine d’une part un affaiblissement de l’influence du cadre normatif issu des religions, des pratiques en résultant (Davie, 2002 ; Bréchon, 2014 ), mais aussi, d’autre part, une recomposition et diversification des paysages religieux au sein d’un contexte d’individualisation et de bricolage religieux (Hervieu Léger, 1999), du fait en particulier de la privatisation du fait religieux. L’on constate pourtant la résurgence d’une présence du religieux dans l’espace public (Casanova, 1994) ; ainsi de l’installation durable de l’islam, et des débats actuels sur les formes que pourrait revêtir son institutionnalisation (Frégosi, 2008 ; Thomas, 2012), ou de sa construction « comme problème public » (Amiraux, 2004) ; de l’affirmation d’un courant identitaire catholique qui a montré son dynamisme à travers son opposition, dans plusieurs pays, au projet de loi sur le mariage pour tous ou l’assistance médicale à la procréation (Dobbelaere et Pérez Agote, 2015). C’est en particulier autour des questions de de bioéthique, de droit des femmes et minorités sexuelles, ou du genre que les interventions des religions dans la sphère publique se développent aujourd’hui (Rochefort, 2014 ; Béraud Portier, 2015). Elles voient se déployer, de manière croissante, un ensemble de mobilisations qui affirment la légitimité des convictions religieuses, pour juger de la pertinence, personnelle ou collective, de la loi et de l’action publique.