Canadian Journal of Public Health = Revue Canadienne de Santé Publique | 2021
Pandemics, inequities, public health, information, response: Canada’s failure?
Abstract
Une pandémie transforme radicalement le paysage sociosanitaire. Les réseaux de santé cherchent à s’adapter à la réalité nouvelle, des soins sont détournés de leur destination habituelle, des plans d’urgence sont déployés pour faire front aux conséquences de la pandémie, la prestation des services de santé s’ajuste pour offrir des soins fonctionnellement équivalents (Hick & Hanfling 2020). Si la situation dégénère, les plans d’urgence cèdent alors la place à une stratégie de crise. La communication rapide d’informations accessibles, mesurables, valides, pertinentes, interprétables et pragmatiques (Blair et coll. 2021) joue un rôle fondamental dans la planification d’interventions toujours urgentes en temps de pandémie (Fineberg 2020). L’identification et le suivi des groupes vulnérables (Frohlich & Potvin 2008) et des personnes à risque sont des soucis communs (Blair et coll. 2021). Enfin, en situation de pandémie, « personne n’est protégée tant que tout le monde n’est pas protégé » (ASPC 2020 : 2). En conséquence, la collecte d’information et l’ouverture de lignes rapides de communication sont des nécessités (Fineberg 2020). En temps de pandémies, une des fonctions d’un système d’information est de générer celles qui permettront de voir venir les pandémies, de les contrôler et de les éviter (Challener et coll. 2020). L’approche est populationnelle et vise la protection des populations. L’appareil de la santé publique doit être prêt en tout temps à mobiliser les ressources pour identifier, dès les tout premiers signaux de pandémie, les premiers cas d’infection, tracer les contacts, isoler les éclosions et tester, tester, tester (Matukas et coll. 2020). La performance de la santé publique au Canada pâlit devant les succès d’un petit pays comme l’Uruguay lors de la première vague de la COVID-19 (Taylor 2020). Prédire, contrôler et éviter les pandémies, sinon endiguer leurs premières manifestations, valent mieux à cet égard que toute autre panoplie d’interventions pour protéger les populations vulnérables et les groupes à risque. Le Rapport de l’administratrice en chef de l’Agence de la santé publique du Canada sur la première vague de la pandémie de la COVID-19 (ASPC 2020 : 35-36) place au centre de ses préoccupations « l’accès différentiel aux ressources matérielles, aux privilèges et au pouvoir, et les inégalités en matière de santé qui en ont découlé...» (ASPC 2020 : 19). L’entrecroisement des inégalités matérielles, des rangs sociaux et des hiérarchies de pouvoir génère des populations vulnérables qui cumulent les inégalités de santé. Il s’agit d’utiliser une stratégie raisonnée d’identification des populations vulnérables et des conséquences de la pandémie sur leur santé (Culyer 2007). Comme le suggère Blair et coll. (2021), l’objectif est de fixer en situation d’urgence ou de crise les efforts de la santé publique sur les actions spécifiques à entreprendre auprès de ces populations. Au Canada, les préoccupations pour les groupes vulnérables ne sont survenues qu’une fois que les sommets de prévalence de la COVID-19 ne pouvaient passer inaperçus. Les groupes à risque varient avec les épidémies. Les personnes âgées, celles du quatrième âge en particulier, ont été victimes de la COVID-19. Par contre, les jeunes ont été visés par l’épidémie d’A(H1N1) (INSPQ 2011). Ces populations vivent ou fréquentent des milieux amplificateurs de risque : les centres * François Béland [email protected]