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Du temps devant soi

 

Abstract


Ou la sculpture et l arbre se rejoignent le temps d un colloque. Mots-cles Art ; sculpture ; arbre ; temps ; « lumiere fossilisee » I DU TEMPS DEVANT SOI Il y a, au debut de mon travail, ancree dans ma plus tendre enfance, une fascination pour la sculpture et un besoin de me confronter aux arbres. Les deux se rejoindront une cinquantaine d annees plus tard a Nice, les 6, 7 et 8 juin 2018, dans le cadre d un colloque vivifiant par les themes abordes, les intervenants et le souci de transmission citoyenne du savoir qui sous-tendait le tout. OEuvrer, a mes yeux, c est travailler, le corps ancre dans un arriere-plan gigantesque, a la limite de l incommensurable. C est liberer du temps, voire, parfois, en generer. J aime les arbres et je ne suis pas sur de les comprendre, de les connaitre. Je rentre en contact avec eux. Un contact physique, je suis sculpteur. Dans un texte celebre, Michel-Ange differencie la peinture qu il definit comme l acte de rajouter de la matiere, de la sculpture qu il definit comme l acte d en retirer (Michel-Ange, 1911). Sculpter vient du latin scalpere qui signifie couper, tailler. Quand je vois un arbre abattu, debite en troncons, je reconstitue, morceau apres morceau, la forme initiale du tronc. Puis je creuse, j evide en mettant a jour quelques cernes de croissance. A la masse, l inertie, se substitue un vide qui devoile l energie necessaire a la croissance de l arbre sur un certain nombre d annees. C est a chaque fois, une vraie joie de remonter le temps de l arbre par ce simple geste de l evidement et de coincider temporairement avec. Puis j aboute les troncons evides en laissant un espace de six centimetres entre chaque. Lorsque le regard se glisse a l interieur du fut segmente, il absorbe la lumiere du site en une spirale inversee, du fait des interstices entre chaque troncon. Par cette facon de sculpter l arbre, de l orienter dans l espace, celui-ci ne se resume plus au bois que l on projette en lui. Ce n est plus la masse qui oriente le volume dans l espace mais les cernes de croissance selectionnes, absorption annuelle de la lumiere solaire devenue « lumiere fossilisee » 1. Le tronc 1 Les cernes de croissance visibles sur une coupe du tronc de l arbre sont formees par de nouvelles cellules qui se disposent chaque annee en cercles concentriques. Ils representent la quantite de bois produite au cours d une saison de croissance. La croissance se fait grâce a de la matiere organique produite au niveau des feuilles lors de la photosynthese, sous forme de sucres transportes dans tout l arbre grâce a circulation de la seve. La photosynthese permet ainsi la fixation

Volume None
Pages 9-16
DOI 10.18713/JIMIS-210219-7-7
Language English
Journal None

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