Histoire & Sociétés Rurales | 2019

Travail et servitude paysanne aux Xe et XIe siècles

 

Abstract


Depuis les travaux de Georges Duby et Otto Gerhard Oexle, le Carmen ad Robertum d’Adalberon de Laon est regarde comme un des principaux temoins de la theorie des trois ordres au Moyen Âge central. Neanmoins, on s’etonne qu’il considere tous les laboratores comme des serfs, ce qui ne parait pas correspondre a la realite sociale et juridique de son temps. On pense que d’autres auteurs, comme Rathier de Verone dans ses Praeloquia, ont su mieux depeindre la diversite du monde paysan, et noter notamment le clivage entre travailleurs libres et asservis. Par le reexamen de ces deux textes et leur mise en contexte, on montre ici que ces auteurs, qui ecrivent a un siecle d’intervalle, ne doivent pas etre opposes mais qu’ils sont deux temoins d’une progressive imputation generale de servitude a la paysannerie. Adalberon, et deja Rathier avant lui, refletent une incapacite des elites europeennes a penser qu’un travailleur de la terre puisse etre vraiment libre, surtout s’il est tenancier et soumis a la justice de son seigneur. Ce trait de mentalite est le fondement intellectuel de la naissance du servage. Il devient un fait de droit lorsque les seigneurs s’echangent les paysans qu’ils considerent comme leur propriete.

Volume 51
Pages 7-40
DOI 10.3917/HSR.051.0007
Language English
Journal Histoire & Sociétés Rurales

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