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Une surveillance sous tensions. Sociohistoire d’un arrangement sécuritaire en contexte démocratique. États-Unis, premier xxe siècle

 

Abstract


L’article se propose, a partir d’un cas historique, de deployer sur quel arrangement a la fois intellectuel, institutionnel et pratique a pu reposer l’emergence, puis la premiere perpetuation d’une forme a priori hautement problematique de curiosite etatique : la surveillance politique operee par les administrations clandestines de l’Etat. Le cas des services de renseignement militaire etatsuniens montre que cette entreprise de surveillance n’est jamais allee de soi ; qu’elle est prise des l’origine dans une contradiction fondamentale qui enserre son dispositif. Elle est, d’une part, institutionnellement legitime, portee par un raisonnement sur la menace formule au sortir du premier conflit mondial qui fait du suivi de la situation interieure un imperatif guerrier. Dans le meme temps, cette vigilance se revele etre politiquement illegitime, au nom du double stigmate de son association a une possible repression politique et de l’intolerable ingerence des militaires qu’elle suppose. Premiere transaction : elle ne se poursuit donc que sous conditions d’ambiguite instituee, y compris au sein des forces armees et jusqu’au sein meme des services. Cette situation d’incertitude s’y decline en une serie de tensions logique, ethique et pratique que les premiers specialistes de la surveillance ne surmontent qu’en engageant un intense travail normatif sur les finalites specifiques de leurs organisations, en esquissant les contours d’une deontologie singuliere et en developpant une culture de la transgression dont la limite est toujours – seconde transaction – le caractere passif de leur vigilance.

Volume None
Pages 79-108
DOI 10.4000/conflits.20985
Language English
Journal None

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