Cahiers victoriens et édouardiens | 2021

Empire Seen from Within. Cinema Objects, Spaces and Edifices in the Limelight in Colonial India and Ceylon (1899-1950)

 

Abstract


Les recherches sur la culture materielle se sont fortement focalisees sur les objets du quotidien comme moyen d’observer les societes et de comprendre notre passe. Ce n’est que recemment que les chercheurs de ce champ d’etudes se sont penches sur les objets lies au cinema, l’une des formes de divertissement les plus faciles d’acces (MacKenzie\xa02), produite par le genie des inventeurs de la fin du xixe\xa0siecle comme Edison, Urban ou les Lumiere. Et pourtant, il n’y a pas de lieu plus pertinent pour inclure le materiel conventionnel du cinema dans la recherche scientifique, etant donne que des ses debuts le cinema, en tant qu’art, mais egalement sous sa forme industrielle, s’est accompagne d’une vaste panoplie de dispositifs optiques, audio et mecaniques. De plus, ce sont les Victoriens et les Edouardiens qui nous ont legue les premiers objets, bâtiments et espaces du cinema, ajouts precieux a la richesse iconique et materielle de cette epoque. On peut elargir le cadre de la recherche lorsque l’on observe la maniere dont les innovations technologiques en Europe, et en tout premier lieu la photographie, puis l’animation pure ainsi que l’impression et la reproduction d’images fixes ou en mouvement, ont grandement contribue a la promotion de l’Empire au sein de l’Empire, dans ce que Michel Foucault a qualifie de ‘frenesie neuve des images’ fin de siecle (Catalogue de l’exposition Gerard Fromanger ‘Le desir est partout’, 1975, Leutrat). Je souhaite m’aventurer sur cette voie moins exploree dans ce qui sera aussi une perspective inversee. Je me propose de considerer la maniere dont les habitants des colonies britanniques dans l’Ocean indien (en particulier le Sri Lanka et l’Inde), a la fois autochtones et expatries, ont investi l’objet cinematographique, mais egalement ses sites et ses bâtiments (auditoriums et studios) qui, de leur architecture jusqu’a leur interieur, ont aussi rendu hommage a la splendeur de l’Empire. Comment les objets, le materiel et les sites ont-ils reussi a octroyer au bioscope un marche captif aussi important dans tous les coins et recoins de l’empire britannique, et comment ont-ils pu ameliorer ou influencer la perception de l’empire par les colonises? Je compte m’attacher a ces rencontres trans-culturelles plus fortuites entre des objets, des idees et des personnes qui ont converge pour apporter le cinema aux confins de l’empire\xa0; une tente de la Premiere Guerre mondiale, un projecteur, un fusil et un gramophone charges sur un chariot tire par des bœufs, voyageant a travers la jungle du Ceylan colonial, rappelant les romans meconus de Leonard Woolf… Finalement, bien que cela depasse le cadre de ce volume, il s’agira aussi de soulever la question de la restauration de ces objets, capables de produire une qualite d’image inegalee par la technologie numerique. L’industrie cinematographique, bien implantee en Asie du sud, avec ses taux eleves de frequentation, grâce a, mais pas exclusivement, l’immense industrie du cinema indienne, justifie que ces questions soient traitees de maniere urgente, a la fois au niveau de la recherche et des autorites competentes.

Volume None
Pages None
DOI 10.4000/cve.9040
Language English
Journal Cahiers victoriens et édouardiens

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