Revue Des Langues Romanes | 2019

Corps martyrisés, corps sanglants, corps dépecés : le Perlesvaus, ancêtre du gore ?

 

Abstract


Le roman communement appele Perlesvaus, qui se designe lui-meme comme Haut Livre du Graal, deconcerte par une accumulation spectaculaire d’actes de barbarie et le gout du detail horrible. Par la theâtralisation d’une violence outranciere (innombrables tetes coupees, cadavres mutiles, cuve de sang ou l’on noie des chevaliers…), ce conte cruel pose la question d’un imaginaire proche du gore moderne. Mais les debordements d’hemoglobine, en dehors de rares moments de fascination esthetique pour des jeux de couleur, ressortissent a une dialectique entre la matiere\xa0–\xa0une imagerie archaique, violente voire sadique\xa0–\xa0et la senefiance. Une rhetorique de l’enargeia qui repose sur l’exhibition sanglante, vise a susciter la pitie, comme le montre l’apparition recurrente du sang du Christ. Des lors, la vision du sang est a la fois signe du sacre et voie de la catharsis. La violence sanglante de l’Ancienne Loi est sublimee par la compassion, et l’aventure chevaleresque prend une forme sacrificielle.

Volume None
Pages 271-287
DOI 10.4000/rlr.2107
Language English
Journal Revue Des Langues Romanes

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