En Afrique subsaharienne, où le paludisme est répandu, l’espèce de moustique Anopheles gambiae est le principal vecteur de transmission du paludisme grâce à son efficacité étonnante. Ce moustique n’est pas seulement un vecteur de Plasmodium falciparum, mais peut également propager d’autres maladies comme l’éléphantiasis, constituant une menace sérieuse pour la santé publique. Grâce aux progrès de la génomique, les scientifiques espèrent utiliser la technologie du lecteur génétique pour contrôler efficacement la reproduction de ce moustique et ainsi briser la chaîne de transmission du paludisme.
Le complexe An. gambiae se compose d'au moins sept espèces de moustiques morphologiquement indiscernables qui diffèrent par leurs traits comportementaux. Certaines espèces comme Anopheles quadriannulatus peuvent se reproduire aussi bien en eau salée qu'en eau douce, tandis qu'An. gambiae a l'homme comme hôte principal et est dite anthropique. Cette différence de comportement a des implications importantes dans les stratégies de contrôle.
Selon une étude de 2007, An. gambiae évolue actuellement en deux espèces différentes, les souches Mopti et Savannah, et ce changement pourrait affecter la conception de nos stratégies de contrôle.
Le génome d'An. gambiae a été séquencé trois fois et des études ont montré que cette espèce possède environ 90 miARN prédits, offrant une base potentielle pour l'application de la technologie de transmission génétique. Les progrès de la génomique ont permis de manipuler les gènes des moustiques pour supprimer leur capacité de reproduction.
Le potentiel de la technologie de transmission génétiqueHolt et al. ont découvert qu'An. gambiae présente un degré élevé de polymorphisme, en particulier dans les gènes du cytochrome P450, dont la diversité est étroitement liée à la résistance aux insectes.
La technologie de transmission génétique sera sans aucun doute un outil important pour contrôler An. gambiae à l’avenir. Les chercheurs travaillent au développement de systèmes de diffusion de gènes de stérilité qui pourraient réduire considérablement les populations de moustiques. Par exemple, la technologie CRISPR/Cas9 peut être utilisée pour interférer avec des gènes spécifiques afin d’atteindre l’objectif de contrôler la reproduction.
L’utilisation de la technologie de transmission génétique modifie notre compréhension de la lutte antivectorielle, permettant des stratégies plus ciblées pour réduire la reproduction des moustiques.
Cependant, lors de l’application de la technologie de transmission génétique, nous devons tenir compte de son impact sur l’écosystème. Réduire la capacité de reproduction d’une espèce jusqu’au point de quasi-extinction pourrait affecter l’équilibre de l’écosystème et entraîner des conséquences imprévues. Une évaluation approfondie des risques doit donc être réalisée avant que cette technologie soit largement utilisée.
Outre les défis techniques, les questions sociales et éthiques ne peuvent être ignorées. Comment obtenir le soutien de la communauté et comment utiliser légalement ces technologies dans le cadre juridique pertinent sont des questions qui doivent être traitées de toute urgence. À mesure que la recherche continue de s’approfondir, davantage de données viendront étayer la technologie de transmission génétique, mais il s’agit toujours d’une entreprise qui nécessite une action prudente.
Dans la lutte contre le paludisme mondial, la technologie de transmission génétique pour An. gambiae sera-t-elle la clé pour briser la chaîne de transmission ?