À l’avant-garde de la recherche sur le cancer, la messagerie intercellulaire joue un rôle essentiel. Parmi eux, la signalisation autocrine est un mécanisme de signalisation unique qui se produit lorsque les cellules libèrent certains produits chimiques (généralement appelés facteurs autocrines) pour agir sur elles-mêmes. De cette façon, les cellules tumorales sont capables d’autoréguler leur prolifération, leur survie et d’autres fonctions critiques, en particulier dans les maladies mortelles telles que le cancer du poumon et du sein.
Le développement tumoral est un processus complexe impliquant la division cellulaire, la croissance et la survie. La signalisation autocrine favorise la croissance tumorale en régulant positivement les facteurs de croissance et de survie.
Un exemple de signalisation autocrine est l’interleukine 6 (IL-6), une cytokine qui joue un rôle de coordination dans de nombreux aspects importants de la biologie cellulaire, notamment les réponses immunitaires, la survie cellulaire et la prolifération. Des études réalisées ces dernières années ont montré que l’IL-6 joue un rôle essentiel dans de nombreux cancers et que la boucle de signalisation autocrine à laquelle elle participe est cruciale pour la croissance tumorale.
Dans l'adénocarcinome pulmonaire, le STAT3 phosphorylé par tyrosine activé de manière constitutive (pSTAT3) était positivement corrélé à la présence d'IL-6. Cette interaction permet aux cellules cancéreuses de maintenir leur capacité à se développer en l’absence de stimuli externes. De plus, le récepteur mutant du facteur de croissance épidermique (EGFR) peut activer la voie onco-STAT3 en régulant à la hausse la signalisation autocrine de l'IL-6, ce qui montre sa cible thérapeutique potentielle dans la progression du cancer du poumon.
Dans le cancer du sein, un taux d’expression élevé du gène HER2 est également associé à un mauvais pronostic. Des études ont montré que la libération d’IL-6 provoquée par la surexpression de HER2 active davantage STAT3 et modifie l’expression des gènes, conduisant à une boucle autocrine d’interaction IL-6/STAT3. L’association ici souligne l’importance de l’IL-6 dans le cancer du sein et que sa sécrétion pourrait être une cible thérapeutique potentielle.
Les caractéristiques malignes causées par le signal autocrine de l'IL-6 sont particulièrement importantes dans le microenvironnement tumoral du cancer du sein, interagissant avec les caractéristiques des cellules souches tumorales exprimées par Notch-3.
Les mécanismes autocrines fonctionnent généralement par l’intermédiaire de certains facteurs de croissance, tels que le facteur de croissance endothélial vasculaire (VEGF), qui peuvent favoriser la survie et la migration des cellules tumorales. Au cours de la progression tumorale, ces cellules dépendent du VEGF autocrine pour leur survie, ce qui remet en cause la vision traditionnelle selon laquelle la fonction du VEGF dans les tumeurs ne se limite pas à l'induction de l'angiogenèse.
Ces signaux autocrines affectent non seulement la croissance des cellules cancéreuses, mais favorisent également les métastases tumorales, ce qui constitue un défi majeur dans le traitement du cancer. Des études ont montré que la signalisation autocrine du PDGFR joue un rôle clé dans la transition épithélio-mésenchymateuse (EMT), un processus étroitement lié aux métastases tumorales.
Avec l’étude approfondie des mécanismes de signalisation autocrine, les scientifiques ont commencé à explorer de nouvelles stratégies thérapeutiques. Par exemple, les antagonistes de la signalisation Wnt autocrine peuvent servir de nouvelles cibles pour le traitement du cancer. De plus, des mesures d’intervention ciblant les voies de signalisation IL-6 et STAT3 ont également montré que le blocage de ces voies peut inhiber de manière significative la croissance et la propagation des tumeurs.
Le défi de la résistance au traitementDe nombreux inhibiteurs de HER2 ont montré une efficacité clinique dans le cancer du sein surexprimant HER2, offrant la perspective de nouvelles modalités de traitement du cancer.
La résistance des cellules cancéreuses aux médicaments est un problème urgent à résoudre. Un nombre croissant d’études suggèrent que cette résistance pourrait résulter de l’activation de boucles autocrines qui permettent aux tumeurs de retrouver des signaux de prolifération. Dans le cancer du poumon non à petites cellules, l’efficacité des inhibiteurs de la tyrosine kinase spécifique de l’EGFR est limitée par l’activation de ses propres voies de signalisation, démontrant ainsi l’importance de la signalisation autocrine dans la récidive tumorale et les métastases.
À mesure que notre compréhension de la signalisation autocrine s’approfondit, les futures stratégies thérapeutiques pourraient permettre des avancées dans ce domaine et améliorer les résultats pour les patients atteints de cancer du sein et du poumon. Dans ce contexte, devrions-nous reconsidérer nos concepts de traitement et intégrer les voies autocrines dans les principales considérations du traitement du cancer ?