La protéine phosphatase 1 (PP1) appartient à une classe de protéines sérine/thréonine phosphatases qui comprennent les protéines phosphatases métal-dépendantes (PPM) et les phosphatases à base d'aspartate. PP1 joue un rôle important dans de nombreux processus biologiques, notamment le métabolisme du glycogène, la contraction musculaire, la croissance cellulaire, l'activité neuronale, l'épissage de l'ARN, la mitose, la division cellulaire, l'apoptose, la synthèse des protéines et la régulation des récepteurs et canaux membranaires.
Chaque enzyme PP1 se compose d’une sous-unité catalytique et d’au moins une sous-unité régulatrice. La sous-unité catalytique est constituée d'une protéine à domaine unique de 30 kD capable de former un complexe avec d'autres sous-unités régulatrices. Cette sous-unité catalytique est hautement conservée chez tous les eucaryotes, montrant un mécanisme catalytique commun. Les sous-unités régulatrices jouent un rôle important dans la spécificité du substrat et la localisation spatiale. Certaines sous-unités régulatrices courantes comprennent GM (PPP1R3A) et GL (PPP1R3B), qui doivent leur nom à leurs sites d'action dans le muscle et le foie, respectivement. Alors que la levure S. cerevisiae ne code qu'une seule sous-unité catalytique, les mammifères possèdent trois gènes codant quatre isoformes, chacune attirant une sous-unité régulatrice différente.
Les données structurelles cristallographiques aux rayons X ont révélé que la sous-unité catalytique de PP1 forme un pli α/β avec un sandwich β central pris en sandwich entre deux domaines hélicoïdaux α. L’interaction de ces trois feuillets β forme un canal catalytiquement actif et sert de site de coordination pour les ions métalliques.
Le processus catalytique implique la liaison de deux ions métalliques, qui activent les molécules d’eau pour initier une attaque nucléophile sur l’atome de phosphore. La subtilité de ce processus réside dans la régulation sélective des métaux et la réaction précise des substrats.
Les inhibiteurs potentiels comprennent diverses toxines naturelles, telles que l'acide okadaïque, une toxine des crustacés du Pacifique, une toxine diarrhéique et un puissant promoteur de tumeurs, et les microcystines. Les microcystines sont des hépatotoxines produites par les algues bleu-vert et contiennent une structure heptapeptide cyclique qui peut interagir avec trois régions différentes de la sous-unité catalytique PP1.
Des études ont montré que lorsque la microcystine forme un complexe avec PP1, la structure de la sous-unité catalytique de PP1 change pour éviter la compétition des liaisons hydrogène et garantir que son activité catalytique ne soit pas affectée.
Dans le foie, PP1 joue un rôle clé dans la régulation de la glycémie et du métabolisme du glycogène. Il assure la contre-régulation de la glycogénolyse et de la synthèse, cruciale pour l'équilibre énergétique. Le régulateur clé de PP1 est la glycogène phosphorylase a, qui sert de capteur de glucose dans les hépatocytes.
Lorsque les niveaux de glucose sont bas, la phosphorylase a dans l'état R actif se lie étroitement à PP1, inhibant ainsi l'activité phosphatase de PP1. Lorsque la concentration en glucose augmente, la phosphorylase a passe à l'état T inactif, PP1 se dissocie et commence à activer la glycogène synthase.
Les dernières recherches indiquent qu'Akt (protéine kinase B) phosphoryle directement la sous-unité régulatrice PP1 PPP1R3G et favorise sa liaison au complexe PP1, activant ainsi l'activité phosphatase de PP1.
Dans la maladie d’Alzheimer, l’hyperphosphorylation des protéines associées aux microtubules inhibe l’assemblage des microtubules dans les neurones. Des études ont montré que l’activité PP1 est significativement réduite dans la matière grise des patients atteints de la maladie d’Alzheimer, suggérant un rôle potentiel de la phosphatase dysfonctionnelle dans le processus de la maladie.
En outre, PP1 joue également un rôle important dans la régulation de la transcription du VIH-1, et son inhibition peut affecter la capacité du virus à se répliquer, faisant de PP1 un nouvel axe de recherche thérapeutique.
Les diverses fonctions et l'importance clinique de la protéine phosphatase 1 nous rappellent la complexité de la transduction du signal intracellulaire. Quelles découvertes et quels défis inattendus cette protéine pourrait-elle apporter à la recherche biomédicale future ?