Christophe Masson

Des ambassadeurs entre Liège et Bourgogne. Pour une étude des relations diplomatiques des pouvoirs liégeois avec les ducs Valois

Les relations entre Liège et Bourgogne ont souvent été résumées à une succession de conflits armés. Pour autant, la période comprise entre 1384 – accession de Philippe le Hardi au pouvoir comtal flamand – et 1482 – décès presque simultanés de la duchesse de Bourgogne Marie et du prince-évêque Louis de Bourbon – n’a pas été celle d’un état de guerre permanent mais bien l’occasion de rencontres ayant donné naissance à une certaine pratique diplomatique qui n’a, pour le moment, fait l’objet d’aucune étude particulière. La raison de cette lacune est, comme souvent en histoire liégeoise, à rechercher dans les malheurs qui ont marqué la vie des archives principautaires : le sac de 1468 et la révolution de la fin du XVIIIe siècle ont eu raison de quantité de documents qui auraient pu nous éclairer sur la gestion de la diplomatie liégeoise. Ainsi, si les résultats de cette recherche seront incomplets, et peut-être biaisés par la nature des sources, principalement narratives, à notre disposition, il ne nous semble pas impossible d’appréhender avec une certaine précision la façon dont les Liégeois ont envisagé leurs rapports diplomatiques avec leur « voisin » bourguignon.

Les tribulations du Grand Bâtard Antoine de Bourgogne en Italie (1475)

Il est permis de s’étonner du fait que le voyage d’Italie entrepris en 1475 par Antoine de Bourgogne afi n de confi rmer à Ferrante d’Aragon, roi de Naples, son élévation à ce titre de chevalier de la Toison d’or qui lui avait été conféré lors du chapitre de Valenciennes de mai 1473, et de recevoir son serment juré sur les statuts de l’ordre, sujet a priori enthousiasmant et riche de potentialités, n’ait jamais fait