Frédéric Pierru

Le “virage ambulatoire”, de l’incantation à la pratique

For several years, there has been a distinct political will for the development of home care. However, this shift to ambulatory care, a source of financial savings for the health system and comfort for the patient, requires sociological debate. Notable issues for discussion are the social inequalities caused by this evolution and the role of the family in the care.

Hôpital et santé publique : l’improbable rencontre. Une réflexion de sociologie politique sur les non-décisions dans le système de santé français

1 Les non-décisions renvoient à l’ensemble des pratiques qui aboutissent à cantonner les processus de décision publique à des enjeux relativement consensuels, via l’activation/manipulation des valeurs dominantes, de certains mythes La faiblesse des politiques de santé publique et de prévention est le lieu commun des discours politiques et experts lorsqu’il s’agit d’évoquer la « crise » et la « réforme » d’un système de santé qui demeure massivement un système de soins. Pourtant, rien ne semble y faire : le consensus, ambigu comme tout consensus, autour de la « nécessaire » revalorisation de la santé publique ne cesse de se heurter au statu quo des rapports de force et de sens qui structurent l’organisation sanitaire française. L’équation santé = médecine montre une formidable résilience face à l’accumulation des preuves contraires par la recherche en épidémiologie ou en sciences sociales ; les budgets destinés aux politiques de prévention restent à leur portion congrue dans le total des dépenses de santé ; l’impérative réduction des inégalités sociales de santé parmi les plus importantes d’Europe peine à être reconnue politiquement, et, plus encore, à être l’objet de politiques publiques volontaristes, etc. Plus généralement, la santé publique demeure cantonnée à la périphérie du système de soins curatifs et de l’administration de la santé. Lorsqu’elle prétend sortir de sa relégation, en investissant par exemple les friches de la biomédecine hospitalière, elle est immanquablement remise à sa place, faute de soutiens politiques et professionnels suffisants. On en veut pour preuve les

Le « trou de la Sécu », trou noir du débat public sur la réforme du système de santé français

Resume La problematique du « trou de la Secu » phagocyte le debat public sur la reforme du systeme de sante depuis la creation de la Securite sociale. Son emprise est allee croissante a mesure que la situation financiere de l’institution se degradait, particulierement depuis le debut des annees 1990. Une telle omnipresence, qui sert des interets varies, fait obstacle a l’ouverture de questionnements plus pertinents et productifs : la croissance des depenses de sante est-elle une charge ou un atout pour la « competitivite » de l’economie francaise ? Quel niveau de couverture publique de ces memes depenses ? Comment mieux utiliser les ressources investies dans le secteur ? Finalement, le « trou de la Secu » est un lieu commun qui, mobilise dans des argumentaires alarmistes, sape la confiance en la perennite de l’Assurance maladie, et justifie le transfert d’une fraction croissante des depenses de soins courants vers les assurances maladie complementaires et les malades eux-memes.

Payer plus pour être soigné moins : Le front libéral à l'assaut de l'assurance maladie publique

Après les régimes de retraite par répartition, c’est désormais au tour de l’assurance maladie d’être dans le collimateur gouvernemental. Certes, le gouvernement avance avec prudence sur ce terrain politiquement miné. Il va, en effet, jeter tout son crédit politique dans la bataille, qui s’annonce rude, autour de la réforme des retraites. Si cette dernière épargne le cœur de l’électorat – les personnes âgées de plus de 70 ans – de l’ancien et futur candidat aux élections présidentielles, Nicolas Sarkozy, il n’en va pas de même avec l’assurance maladie. En effet, les dépenses de santé ne sont pas également consommées par la population : 12% des assurés sociaux représentent 60% des remboursements de l’assurance maladie, et sont pour l’essentiel pris en charge dans le cadre du dispositif des affections de longue durée (ALD) remboursant les soins à 100%. À l’horizon 2015, les ALD représenteront même 70% des remboursements...