Isabelle Perreault

Le négatif et le positif

Cet article, sous forme d’essai, pose un regard a plusieurs voix sur le suicide et les dommages collateraux que ce geste de desespoir de soi engendre chez les survivants. Il questionne de maniere critique la facon dont le domaine biomedical envisage le suicide, entre autres en recourant a des perspectives anthropologiques et philosophiques qui revelent toute la complexite de bien cerner la nature du desir d’en finir avec la vie de maniere definitive. En conclusion, il questionne les campagnes de prevention en se demandant si celles-ci pourraient generer des effets contraires au but recherche.

« Sans honte et sans regret » : Les chemins de traverse entre le pénal et le psychiatrique dans les cas d’aliénation criminelle à Montréal, 1920–1950

C’est le Dr Daniel Plouffe, psychiatre responsable des cas de transferts de femmes de la Prison des femmes Fullum a l’Hopital Saint-Jean-de-Dieu et du traitement des hommes internes a l’Hopital pour alienes criminels de la Prison de Bordeaux, qui est en charge de l’evaluation des alienes criminels entre 1920 et 1950. A l’aide des dossiers de patients internes a l’Hopital Saint-Jean-de-Dieu, cet article propose une analyse des comportements criminels et, surtout, des indices permettant aux nouveaux experts de statuer sur l’etat mental de la personne lors du crime. Assauts, vagabondage, prostitution, pyromanie, violence,et vols sont quelques-uns des comportements inscrits au dossier qui ont declenche le processus judiciaire de mise a l’ecart et, par la suite, de psychiatrisation. Ces dossiers serviront a illustrer les lentes mais fructueuses tentatives des medecins legistes et psychiatres qui ont exerce des pressions pour la reconnaissance de ce champ d’expertise ou on entend traiter plutot que punir les criminels mentalement deranges. Dr Daniel Plouffe, the psychiatrist in charge of women’s transfers from the Fullum Women Prison to Saint-Jean-de-Dieu Hospital and of men’s incarceration at Bordeaux Hospital for the Insane, was, more generally, the one who evaluated the criminally insane between 1920 and 1950. Using records of patients committed to Saint-Jean-de-Dieu Hospital, this article provides an analysis of criminal behaviour and, most importantly, of signs on which new experts could decide the mental state (mind) of a person during a crime. Assault, vagrancy, prostitution, arson, violence, and theft are some of the behaviours noted in the records that triggered the judicial process leading to the segregation of individuals and subsequently, to their receiving a psychiatric diagnosis. These cases serve to illustrate the slow but successful attempts of forensic psychiatrists who lobbied for the recognition of this field of expertise and who intended to treat rather than punish criminals who were recognized as mentally disturbed.