M.H.G. Smeets

Le régime huysmansien

Les repas gourmands, on ne le sait que trop bien, occupent une place centrale dans l’oeuvre de J.-K. Huysmans. Mais quel est en cette matiere l’avis de Dieu ? Gourmandise et religion peuvent-elles faire bon menage ? De la vient sans doute, dans l’oeuvre huysmansienne, au fur et a mesure que l’auteur se rapproche de la religion, une fascination pour les dietes. On a beau etre gourmand, quand on est ecrivain, la parcimonie des saints peut aussi servir de source d’inspiration. On entre ici dans une logique de la compensation : bien manger dans une ambiance saine, et si possible, sainte. Autrement dit, manger et jeuner, chez Huysmans, c’est toute une affaire.

Chairs mystiques et transparentes chez J.-K. Huysmans et Marcel Batilliat

RÉSUMÉ La décadence se complaît dans la réécriture des grands thèmes bibliques, littéraires et mythiques. La fascination de J.-K. Huysmans pour les saints transparents par exemple, dont on retrouve plusieurs occurrences dans l’œuvre de l’auteur, peut être qualifiée de décadente grâce à la présence, subtilement agencée dans Là-bas ([1891] 1985), de l’ascèse et de l’érotique dans le corps saint. C’est cette construction en quelque sorte oxymorique que l’on retrouve aussi chez Marcel Batilliat dans Chair mystique ([1897] 1995): la chair diaphane est le lieu privilégié de la décadence et de toute une réflexion ascético-érotique.