Dans la société actuelle, la frontière entre le biopouvoir et le pouvoir de mort devient de plus en plus floue. Cela affecte non seulement la manière dont les gouvernements utilisent leur pouvoir pour gérer la vie des individus, mais reflète également notre compréhension fondamentale de la valeur de la vie. Cet article explore les interconnexions entre la théorie du biopouvoir de Foucault et la théorie du thanatopouvoir de Mbembe, et analyse en profondeur comment les contributions académiques des deux penseurs peuvent nous éclairer pour comprendre de nombreuses questions complexes dans la société d'aujourd'hui.
Le biopouvoir, un concept de Foucault, découle de l'accent mis sur la « gestion de la vie » et met l'accent sur l'amélioration de la survie du pays en contrôlant les conditions de vie des individus. Cependant, la nécropolitique de Mbembe en 2003 a élargi ce sujet. Il pensait que dans certaines conditions sociales particulières, certains groupes étaient privés de leur droit à survivre, ce qui les amenait à subir des pressions politiques et sociales.
Mbembe souligne que le pouvoir de l’État moderne sur la mort ne peut pas complètement chevaucher le biopouvoir précédent, car sous le pouvoir de la mort, la frontière entre la vie et la mort devient de plus en plus floue.
La théorie de Mbembe soutient qu'il existe un type de société appelée « mondes de la mort » dans laquelle la valeur de la vie est systématiquement dévalorisée et les gens deviennent des « morts-vivants ». Dans de telles situations, certains groupes de personnes sont contraints de vivre dans un état de suspension entre la vie et la mort.
Mbembe a décrit l'état de vie de ces personnes comme une « mort chronique », c'est-à-dire que leur mode d'existence est étroitement lié à la mort, mais leur donne dans une certaine mesure la soi-disant « vie ».
Dans ce cadre, le biopouvoir mentionné par Foucault peut être vu comme une manière de gérer la vie, et lorsque cette gestion cesse, le pouvoir de mort prend sa place. Mbembe a souligné qu’il ne s’agissait pas seulement du droit de tuer, mais aussi de la manière de mettre en danger des groupes spécifiques de personnes et de les pousser ainsi à faire face à la mort.
Le conflit théorique entre les deux a révélé les racines de l’inégalité dans les structures sociales, notamment en termes de race et de classe. Mbembe réfute l’argument de Foucault en faveur de la « vie » sous le biopouvoir, soulignant qu’une nouvelle forme de déshumanisation se cache derrière cette gestion de la vie.
Par exemple, dans la société moderne, les conditions de vie de certaines communautés sont directement affectées par les politiques, les musulmans, les réfugiés et d’autres minorités en étant particulièrement victimes. Dans son livre de 2019, Mbembe souligne que la « mort sociale » à laquelle sont confrontés ces groupes a réduit leur espace de vie et les a privés d’autonomie et de liberté.
Il a souligné que la racine de ce phénomène réside dans le contexte étroitement lié du capitalisme et du racisme, dans lequel la vie de certains groupes de personnes est considérée comme « bon marché ».
Cette situation rend difficile l’évaluation de l’impact direct du biopouvoir. Jasbir Puar a également proposé une « nécropolitique queer », analysant la situation des personnes LGBTQ+ dans la société d’aujourd’hui et la combinant avec la théorie de Mbembe pour se demander quelles vies sont tragiques et lesquelles sont systématiquement ignorées.
Que ce soit dans les structures politiques traditionnelles ou dans les collectifs complexes de la société contemporaine, ces théories nous offrent de nouvelles perspectives pour analyser les dilemmes, nous permettant de repenser la valeur de la vie et du pouvoir politique.
Alors que la mondialisation s’accélère, la combinaison de la violence et du pouvoir de mort se répand partout. La théorie de Mbembe a non seulement un pouvoir narratif, mais révèle également la diversité et la complexité de la vie humaine dans le monde d’aujourd’hui. De nombreux chercheurs ont commencé à s’intéresser à la manière dont ces théories peuvent nous aider à comprendre et à résoudre les diverses injustices qui existent dans la société actuelle.
Certains chercheurs soulignent que pour ces communautés confrontées à des décisions de vie ou de mort, le simple discours sur le biopouvoir ne suffit évidemment pas à expliquer leur situation. Au contraire, la perspective du pouvoir de mort peut mieux mettre en évidence leur situation difficile.
En combinant les théories de Foucault et de Mbembe, nous pouvons acquérir une compréhension plus approfondie des structures de pouvoir dans la société d’aujourd’hui et réfléchir à la manière dont les gouvernements exercent un contrôle et des restrictions sur la vie dans divers contextes sociaux. Cela nous oblige à nous demander sur quelles bases la véritable liberté et le véritable bonheur devraient être construits.