Didier Lett

Adult brothers and juvenile uncles: Generations and age differences in families at the end of the Middle Ages

In medieval families, dependent relationships did not fall exclusively within the context of parental ties. For various reasons, children sometimes grew up with a much older brother or sister or with uncles or aunts younger than themselves. The article examines these relationships in the household at the end of Middle Ages using fiscal documents and accounts of miracles. The questions are what sort of relationships existed when age and generation did not coincide, how authority was exercised, how dependent relationships should be analyzed, and how autonomy was acquired. These questions can place avuncular and fraternal relationships in a new and different light.

Gender and Peace : Intermarriage Between Four Communes in the March of Ancona in 1306

On February 18, 1306, the city of Camerino signed a peace treaty with three neighboring communes (Matelica, San Severino, and Fabriano). Among its provisions was a plan for a series of marriages between the inhabitants of the four communes, which would have made a group of 140 men brothers-in-law through the exchange of 140 women. Analyzing this document and its extraordinary clause—which was never enforced and did not bring hostilities to an end—, this article examines the genesis of a gender regime in a specific historical, documentary, and relational context. Adopting a pragmatic approach to gender as a means for understanding social interactions, the article analyzes the roles elite men assigned to women of their communities in reconciliation rituals, matrimonial alliances as miniature figures of peace, and the systems established to ensure the transfer of dowries and the granting of citizenship. Under such gender regimes, women served as mediators, promoting peace in their households so that it would spread throughout the entire community. They also provided dowries and citizenship to men, allowing them to maintain their dominant role in society.

Familles et travail à Trévise à la fin du Moyen Âge (vers 1434-vers 1509) by Matthieu Scherman (review)

le cas du Verlag marchand – « Le Verlagssystem est une organisation de la production dans laquelle le marchand est le donneur de travail 2 » – et où l’auteur met en évidence ce qu’il propose d’appeler un « micro-verlag » (p. 142). La démarche adoptée par J.-L. Roch est, pour ainsi dire, chevillée à la lecture et à la relecture qu’il propose des sources. C’est à une plongée dans les archives qu’invite l’auteur qui exprime clairement sa volonté de presser les sources pour « leur faire rendre gorge » (p. 20). Au-delà de la parfaite connaissance que J.-L. Roch peut avoir de son sujet, c’est dans ce traitement des sources que réside l’une des qualités majeures du travail publié. La démarche est ambitieuse et pleine d’humilité dans la mesure où l’auteur n’hésite pas à remettre en chantier les documents et à revenir patiemment sur les diverses lectures possibles des textes, débordant largement et avec bonheur, le cas échéant, le cadre du Moyen Âge. Ainsi propose-t-il de « lire les textes autrement qu’en voyant partout un grand marchand important la laine, exportant les draps et organisant toute la production » (p. 116) ou de se « garder de l’idée toute faite que les gros veulent toujours faire travailler davantage et que les petits ne pensent qu’à alléger leurs horaires » (p. 159). Une large place est faite aux citations, ce qui est louable mais ne facilite pas toujours la lecture, et nous retrouvons une partie de ces textes (dont huit transcrits intégralement) en annexe, accompagnés de quelques documents iconographiques, des index des noms de lieux, des personnes et des notions qui rendront assurément service aux chercheurs. J.-L. Roch revient dans sa conclusion générale sur les principaux apports de son travail pour notre connaissance de la draperie normande, soulignant le fait qu’à Rouen, au Moyen Âge, « le marchand intervient peu dans la production » (p. 251), qu’au XIVe siècle « s’impose en Normandie un modèle binaire de la draperie » (p. 248) avec d’une part les tisserands et de l’autre les foulons-laineurs-tondeurs. Dépassant le seul domaine de la draperie, cet Autre monde du travail interroge les historiens sur des mouvements plus amples, comme celui de la fermeture des métiers qu’il invite à réinterpréter autrement comme « le contrôle nécessaire d’une trop grande ouverture » (p. 255). 1 0 2 2 Cet ouvrage présente, outre l’avantage de rassembler des travaux de qualité – jusque-là dispersés – sur un objet circonscrit, le mérite de les compléter et de les faire dialoguer pour préciser sa vision. Sans prétendre dresser un portrait définitif de la draperie médiévale, il invite, ce qui semble autrement plus riche de perspectives, à reconsidérer à partir de ce que révèlent les archives normandes certains de nos présupposés concernant le monde du travail.

Construir e legitimar a a autoridade paterna e comunal em um processo em São Severino na metade do século XV

In August 1458, in San Severino (Marche of Ancona), during a gioco della battagliola , battle of stones very ritualized in which the children of the city fight against each over, a child is seriously wounded. The victim’s father triggers an inquisitorial trial, forcing the guilty’s one to come, with witnesses, to defend his son, trying to prove, among other things, that her child, under the age of ten years, is not legally responsible. This paternal defense shows that to protect their kinfolk, social actors use the statutory norms and legal machinery set up by the municipality. It also allows us to observe the manifestations of various authority figures and uncover the various instances of explicit or implicit legitimation. This type of event built paternal authority and communal’s authority. This study of micro-history still can reveal, all the representations, rules of conduct, values attached to the person or to the actions, major components “ideational” of social life, and to question the relevance of a sweeping opposition between norms and practices.

Gender Regimes in Western Societies from Antiquity to the Seventeenth Century

The concept of gender has become such an important subject in international historiography over the last two decades that it might appear odd to devote an entire dossier of the Annales to the topic. However, the relative success of this field of research may also conceal ambiguities in both the intellectual project underlying the term as well as its reception in the social sciences. For certain authors, undertaking a history of gender has meant writing a history of women. Though this form of history now enjoys proper recognition, it is still depreciated in two ways: on the one hand, it is qualified as a militant—and therefore unscholarly—history; and, on the other, it is criticized according to some vague argument claiming that no matter how it is labeled—“gender” or “women”—the inquiry is already dated. Without a doubt, the now canonical expression “history of women and gender” has generated real confusion among those scholars who are not particularly engaged with the field.1

Maaike van der Lugt et Charles de Miramon (éd.) L’hérédité entre Moyen Âge et époque moderne. Perspectives historiques Florence, SISMEL-Edizioni del Galluzzo, 2008, 412 p.

les trois quarts. Lorsque ce dernier décède, ce ne sont pas ses enfants qui héritent mais les frères cadets initialement exclus. Lorsque le dernier cadet meurt à son tour, c’est le fils aîné du frère aîné qui prend la relève, entamant un nouveau cycle de viage. La succession fraternelle (horizontale) constitue ici l’élément le plus original du système qui permet en grande partie de mieux assurer la cohésion lignagère en limitant les partages de propriété tout en préservant une part aux cadets. Très empirique au départ, le viage est codifié seulement à partir de la fin du XIIIe siècle. Comme on peut le constater à travers ce bref compte rendu, ce sujet neuf et très riche permet d’aborder de multiples questions. Le manque de cohérence et d’homogénéité de ce collectif n’en est que plus regrettable. Certains articles possèdent notes, bibliographie et annexes, d’autres se limitent à quatre ou cinq pages de notes de lecture peu rédigées. D’autant que les très maigres introduction et conclusion (à peine trois pages chacune) ne permettent pas de mettre en perspective l’ensemble des contributions et de souligner les enjeux du sujet. En ayant conscience qu’un tel colloque ne pouvait aborder toutes les questions relatives à ce lien si présent dans les sociétés anciennes, on regrettera cependant qu’il n’y ait pas de réflexions sur la taille et le sexe de la fratrie ou sur les différentes appellations pour exprimer le rang dans la fratrie au masculin ou au féminin. Il faut donc considérer ce livre, qui possède quelques très bons articles, comme une invitation à réfléchir sur un véritable objet d’histoire qui donnera lieu à d’autres publications.

Margaret L. King, The Death of the Child Valerio Marcello, Chicago-Londres, The University of Chicago Press, 1994, 484 p.

débat très animé depuis quelques décennies sur la peine de mort en droit romain. Sans nul doute, il donnera lieu à de fructueuses discussions. La vivicombustion ne repose-t-elle pas d’ abord sur l’ idée de vengeance dans la mesure où sa plus ancienne application vise l’ incendie volontaire ? La flagellation à mort ne vient-elle pas punir le traître seulement à partir du moment où la décapitation à la hache disparaît en ville ? Ces questions ne remettent d’ailleurs pas en cause l’économie générale de l’ouvrage, ni sa force. L’auteur apporte une contribution inattendue, mais de premier ordre, au débat contemporain sur la peine de mort. Et son livre appelle une suite. Dès lors que les philosophes, les historiens et les juristes ont commencé à réfléchir sur la peine de mort, des principes abstraits sont venus en justifier l’usage. Dans quelle mesure ces justifications théoriques correspondent-elles aux fonctions qu’elle assumait en pratique ? Cela exigerait un autre livre, remarque E. Cantarella en conclusion. Souhaitons que cet appel soit entendu.