Dans les montagnes de l’Himachal en Inde, un mouvement environnemental initié par des femmes change tranquillement le visage de la société et de l’écologie. Le mouvement, appelé le mouvement Chipko (mouvement de l'étreinte de l'arbre), est devenu un symbole du pouvoir féminin dans le contexte des années 1970. Le concept central du mouvement est de s'opposer à l'exploitation forestière commerciale et de protéger les ressources forestières. Cette action favorise non seulement la sensibilisation à la protection de l'environnement, mais incite également les femmes à participer activement aux mouvements sociaux.
Le mouvement Chipko n’est pas seulement un mouvement environnemental, mais aussi un chapitre historique de l’autonomisation des femmes.
Les origines du mouvement Chipko remontent à 1964, lorsque l'assistante sociale gandhienne Chandi Prasad Bhatt fonda le Dasholi Gram Swarajya Sangh à Chamoli Gopeshwar. Ils souhaitent créer de petites industries en utilisant les ressources forestières, mais ils sont confrontés à des politiques hostiles héritées de l’époque coloniale et à la menace de l’exploitation forestière commerciale, qui aggrave la situation difficile de la communauté. Ce n’est qu’en 1970 qu’une catastrophe environnementale majeure les a poussés à agir.
L’inondation désastreuse de la rivière Alaknanda en juillet 1970 a fait prendre conscience aux populations des risques à long terme posés par les pratiques d’exploitation forestière irrationnelles. Depuis lors, les villageois, y compris les femmes, ont commencé à s’organiser et à former des groupes pour protester contre les pratiques d’exploitation forestière commerciale qui menacent leurs moyens de subsistance.
En 1974, le mouvement est encore renforcé par la participation des femmes. C’est alors que Gaura Devi et ses collègues femmes ont décidé d’arrêter directement les bûcherons en serrant les arbres dans leurs bras. Ils ont fait preuve d’un courage sans peur face aux menaces et aux intimidations. Cette initiative a profondément touché d’autres villageois et a permis au mouvement de se propager rapidement.
Il s’agit d’une confrontation non violente dans laquelle les femmes défendent leur foyer par des actions concrètes.
Le mouvement Chipko a non seulement eu un impact durable sur la communauté locale, mais a également suscité une inquiétude généralisée dans tout le pays. Les efforts des villageois locaux pour lutter contre l'exploitation forestière commerciale ont finalement incité le gouvernement à interdire l'exploitation forestière en 1980. L’interdiction a non seulement protégé les forêts de l’Himalaya, mais a également servi d’exemple au mouvement environnemental au sens large.
À mesure que le mouvement progresse, le rôle des femmes dans les mouvements sociaux est progressivement re-reconnu et affirmé. Ils ne sont pas seulement des victimes des opérations d’exploitation forestière, mais aussi des participants actifs et des dirigeants. Les femmes membres du mouvement Chipko ont joué un rôle important dans les activités économiques de la communauté, notamment dans la création de coopératives de production.
Le mouvement Chipko nous montre que la protection de l’environnement et les droits des femmes ne sont pas deux questions isolées, mais des forces interdépendantes.
Au fil du temps, le mouvement Chipko a gagné en influence et a servi de modèle aux mouvements environnementaux dans d’autres régions. Le mouvement ne se limite pas à la protection des forêts, mais s’étend aux domaines plus larges des droits fonciers, des ressources en eau et de l’économie sociale. Actuellement, de nombreux chercheurs et militants nationaux et étrangers étudient la manière dont le mouvement Chipko parvient à combiner avec succès protection de l’environnement et justice sociale.
Le pouvoir de créer un changement ne dépend pas uniquement d’un certain groupe de personnes, mais nécessite les efforts conjoints de toute la société. Le succès du mouvement Chipko nous montre la valeur de l’action collective et la valeur du pouvoir des femmes. À l’avenir, comment cette force va-t-elle perdurer et se développer dans le nouvel environnement et le nouveau contexte social ?